1- même en cas d'abondance, il peut y avoir (il y aura probablement) de graves crises stratégiques sur le pétrole et le gaz d'abord, sur le charbon ensuite, dont la Russie et les Etats-Unis détiennent la moitié des ressources mondiales. 2- rien ne dit que le monde sera capable de limiter ses émissions de gaz carbonique, donc sa consommation de fossile. Rechercher l'autonomie énergétique est donc un objectif stratégique de la plus haute importance. Or, diviser par trois nos émissions de gaz carbonique fossile, c'est diviser par trois nos consommations de fossile et porter notre taux d'autonomie énergétique à plus de 80 %. Mais là aussi, il faut préciser de quoi on
parle.
Energie primaire, énergie finale, énergie utile. L'énergie utile est celle qui chauffe effectivement notre logement, celle qui actionne les roues de nos voitures. L'énergie finale est celle qu'achète le consommateur, c'est à dire le fioul, le gaz ou l'électricité de chauffage, le carburant pour nos moteurs, etc. Le rapport entre l'énergie utile et l'énergie finale dépend du rendement de nos appareils de chauffage ou de celui des moteurs. L'énergie primaire est celle que l'on
prélève
sur la nature : quantité de charbon, quantité de
pétrole
brut ou de gaz. Le rapport entre l'énergie primaire et
l'énergie
finale dépend du rendement des raffineries, des pertes
d'électricité
dans le transport etc. Le taux d'autonomie énergétique est la part d'énergie consommée en France qui vient d'une énergie primaire produite en France. Conventionnellement on calcule ce taux sur l'énergie primaire. Les choses se compliquent lorsque l'on parle d'électricité. L'électricité peut être produite à partir d'énergie fossile, d'énergie nucléaire, de géothermie, d'eau, de vent, de soleil, de biomasse etc. Depuis quelques années, la France se conforme au standard international selon lequel l'énergie primaire qui produit l'électricité est la chaleur dégagée par la réaction nucléaire ou, dans le cas de l'électricité éolienne ou hydraulique ou photovoltaïque, la quantité d'électricité produite. Ainsi, pour 1 KWh électrique sortie de centrale, la quantité d'énergie primaire est de 3 si cette électricité est produite à partir de nucléaire ou de biomasse, mais de 1 seulement si elle est produite à partir de vent, d'eau ou de soleil. D'un point de vue économique, cette façon de
compter peut
se discuter car la chaleur nucléaire non transformée en
électricité,
n'ayant aucune utilité ni aucun coût, n'a pas d'existence
comme grandeur économique. Pourtant, avec quelques
aménagements
que l'on présente ci-dessous, ce ratio a une signification. Le "vrai" taux d'autonomie énergétique Que l'on nous pardonne d'ajouter à la complexité en suggérant une autre façon de calculer le "vrai" (bien sûr !) taux d'atonomie énergétique. Le taux d'autonomie énergétique est fait pour apprécier la situation dans l'hypothèse d'une pénurie d'énergie fossile. Il faut donc distinguer entre sources sûres et sources non sûres. On verra qu'il faudrait aussi distinguer selon les usages de l'électricité. En cas de pénurie fossile, produire de l'électricité à partir d'une source sûre donne une autonomie plus grande car chaque tep électrique permet d'économiser du fossile. Combien ? Là où l'usage de l'électricité est obligatoire, il suffit de considérer que la production d'une tep électrique à partir d'une source sûre au lieu d'une énergie fossile permet d'économiser 3 tep fossiles, quelle que soit la source d'énergie considérée comme sûre utilisée pour produire de l'électricité. Lorsque l'électricité remplace du carburant, chaque tep électrique remplace 3 tep de carburant ; de même une tep d'électricité consommée par une pompe à chaleur permet de remplacer deux ou trois tep de gaz ou de fioul. ar contre, si l'électricité est utilisée comme chaleur par effet Joule, chaque tep électrique ne permet d'économiser qu'une tep de fossile. Dans ce cas la production d'une tep d'électricité avec une source d'énergie sûre ne remplace qu'une tep d'énergie fossile. Sont sûres les sources nationales autres que le vent (notre scénario ne prévoit pas ou guère d'électricité éolienne). Les matières premières nucléaires sont sûres si l'on sait les recycler. A terme il n'est pas absolument certain que le charbon soit une source sûre, même s'il est abondant et bien réparti - le charbon intervient pour très peu dans nore scénario. "Bien réparti,
le charbon " ? C'est ce que tout le monde dit. C'est vrai
géographiquement, mais plus de 80 % des ressources sont
détenues par six pays et non de moindres : les Etat-Unis, la
Russie, l'Inde, la Chine, l'Afrique du sud et l'Australie - ce qui
pourrait avoir à terme un impact stratégique majeur -
voir le chapitre 9 de "trop de pétrole !". Il paraît donc raisonnable de compter pour 3 tep chaque
tep électrique
spécifique et chaque tep d'électricité
utilisée
en substitution de carburant liquide ou par les pompes à
chaleur, et pour 1 tep seulement les
usages
thermiques. La valeur du taux d'autonomie énergétique en 2000 et selon le scénario de division par trois des émissions de gaz à effet de serre Taux d'autonnomie calculé à partir de l'énergie finale : 30 % La consommation finale en 2000 fut de 161 Mtep. La part de cette consommation finale qui provient de l'importation : 3 Mtep d'électricité, 33 Mtep de gaz et 76 Mtep de pétrole soit 112 Mtep. Taux d'autonomie : 30 % Taux d'autonomie calculé à partir de la consommation primaire, selon la méthode adoptée par l'Union européenne : 50 % Pour calculer la consommation primaire d'énergie, à la consommation finale de gaz et de produits pétroliers il faut ajouter les pertes de raffinage et de distribution, peu de chose. Pour la production d'électricité il faut ajouter les pertes d'électricité dans le transport et la distribution et, surtout, la chaleur non transformée en électricité, que celle-ci soit produite à partir de fossile ou d'énergie nucléaire. En 2000, la consommation primaire d'énergie ainsi calculée fut de 258 Mtep. Comme toute la chaleur nucléaire non transformée en électricité est comptée comme une énergie d'origine nationale, le taux d'autonomie passe à 50 %. Taux d'autonomie calculé à partir des sources d'énergie sûres et en comptant pour 1 chaque tep électrique utilisé comme chaleur : 46 % La consommation primaire équivalente calculée en
comptant
pour 1 chaque tep électrique utilisé sous forme de
chaleur
et pour 3 les autres tep électriques est de 240 Mtep dont 130
d'origine
non sûre, les énergies fossiles. Le taux d'autonomie est
donc
de 46 %. Dans le scénario de division par trois, qui fait la
part belle
à l'électricité nucléaire et aux usages de
l'élecrricité comme source de chaleur et comme carburant,
le taux d'autonomie se calcule ainsi. Dans 30 ans, selon le scénario de division par trois des émissions de gaz à effet de serre et des importations d'énergie fossile Calculé à partir de l'énergie finale : 66 % Total de l'énergie finale : 151 Mtep dont, produits à partir de sources d'énergie importées, 3 Mtep d'électricité, 21 de gaz et 17 de produits pétroliers soit 51. Le taux d'autonomie est de 66 %. Taux d'autonomie calculé à partir de la consommation primaire, selon la méthode adoptée par l'Union européenne : 84 % Electricité finale 61 Mtep, sortie centrale : 73 Mtep ; produite par hydraulique : 7 Mtep ; par des moyens thermiques 66 Mtep, soit énergie primaire pour produire de l'électricité 3*66 + 7 soit 205 Mtep. Autres formes d'énergie finale 90 Mtep soit en primaire environ 100 Mtep. Total de l'énergie primaire : 305 Mtep. Sources d'énergie importées : 49 Mtep. Le taux d'autonomie est donc de : (305-49)/305 soit 84 %. Taux d'autonomie calculé à partir des sources d'énergie sûres et en comptant pour 1 chaque tep électrique utilisée comme chaleur : 81 % Electricité finale 61 Mtep, sortie centrale : 73 Mtep ; utilisation comme chaleur : 20 Mtep soit 24 en sortie de centrale ; production pour les autres usages 49 Mtep équivalant à 147 Mtep ; total d'énergie primaire équivalente à la consommation d'électricité 171 Mtep. Autres formes d'énergie finale 90 Mtep soit en primaire environ 100 Mtep. Total de l'énergie primaire : 271 Mtep Or la quantité importée sera selon le
scénario
de 50 Mtep. Le taux d'autonomie est donc 81 %.
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