Trop de pétrole !
Energie fossile et réchauffement climatique prix de l'Académie des sciences morales et politiques Voyez la couverture : première et quatrième de couverture ; la table des matières et une présentation par Jean-Pierre Dupuy, publiée dans Réalités industrielles. commentaires, précisions, à débattre brefs commentaires sur "Pour un pacte écologique" Page d'accueil du site Pour avoir un aperçu de l'originalité des analyses et des propositions, toutes démontrées, voyez ici : "peu de gens le disent"
Les titres des chapitres : Qu'est-ce que l'effet de serre ; trop d'énergie fossile / La France peut diminuer de beaucoup ses émissions de gaz carbonique / Le coût de cette diminution des émissions de gaz carbonique / Agir seuls : pourquoi ? / Le rôle de l’Etat / Fiscalité, réglementation, incitations, « marchés de permis d’émettre » / Garder la maîtrise publique de la production d’électricité : la question du nucléaire / Un chemin qui mène d’aujourd’hui à demain / L’Union européenne et la gouvernance mondiale : au-delà de Kyoto / Conclusion : Si tu veux la paix... la table des matières retour à la page d'accueil |
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Peu de gens le disent... Dans "Trop de pétrole !" tout ceci est présenté de façon organisée comme dans un roman : le monde dispose de deux ou trois fois trop d'énergie fossile (*) ; la régulation devra donc s'opposer au marché ; elle sera politique, donc sous la responsabilité des Etats (*). La France peut agir, même si elle est seule (*). Cela peut ne pas lui coûter trop cher (*). Elle a intérêt à agir, même si elle est seule (*). Le rôle de l'Etat est de dire ce qu'est une action utile et ce qui est inutilement coûteux et de rendre possible tout ce qui est utile ; il existe des critères extrêment simples et compréhensibles par tout le monde (*). Pour savoir que faire, le prix du pétrole on s'en moque ! (*). L'Etat dispose des moyens de la réglementation, de la fiscalité et des incitations qu'il utilisera ensemble ; la technique des marchés de permis ne sera utilisée que lorsque les conditions de son efficacité seront réunies(*). Le cas très particulier de l'électricité : l'Etat devra fixer les capacités et les prix (*). Des chemins pour passer de la situation d'aujourd'hui à la situation future. Le dernier chapitre situe tout cela dans la gouvernance mondiale et la coopération européenne et préconise le même genre de coopération que pour la fabrication d'armement où la circulation des personnes, autres sujets stratégiques (*). La conclusion a pour titre : "Si tu veux la paix..." car c'est bien sur ce registre qu'il faut poser et traiter la question de la lutte contre le changement climatique. (*) peu de gens le disent - ou du moins le disaient au début de 2007 ; "Trop de pétrole!" le démontre. retour à la table des matières et à une recension. Commentaires, précisions, à débattre - écrit fin 2007 - avec quelques modification apportées début 2016 : il y a très peu de modifications - Réserves, ressources, surabondance ou épuisement des ressources : la question critique - Les causes de l'effet de serre, rôle du gaz carbonique et de la vapeur d'eau - Incertitude et prise de décision - Comment la politique actuelle est peu efficace ou carrément contre-productive : biocarburants, ouverture à la concurrence de l'électicité, subventions sans ressources budgétaires nouvelles, marché européen du carbone, absence de critères simples et applicables équitablement à tous pour répondre aux lobbying - Deux critères très simples de "bonne action climat" - Pour que l'Etat inspire suffisamment confiance pour que les entreprises et les collectivités locales investissent - Créer un impôt : oui, mais à quel niveau, calculé comment ? Soyons clairs : même à fiscalité constante, un impôt sur l'énergie diminue le pouvoir d'achat disponible pour autre chose que l'énergie. - La lutte contre l'effet de serre : un magnifique terrain pour une "Europe des projets" - Sur la gouvernance mondiale ; marchés de quotas, aide aux pays en développement, vers nouveau mode de régulation mondiale ? Veut-on vraiment que l'aide aux PVD diminue lorsque le prix du pétrole augmente ? - Bien d'autres sujets à débattre
Réserves, ressources en énergie fossile - il est peu utile d'en connaître précisément les quantités,car il de toutes façons, il y en a trop. Surabondance ou épuisement des ressources ? La question critique. Les débats sont intenses au sujet des ressources et des réserves en pétrole, gaz et charbon. Les ressources sont estimées par le GIEC à 5000 milliards de tonnes. Quelles quantités pourraient encore être exploitées si l'on ne tenait pas compte de l'effet de serre ? C'est difficile à dire car cela dépend et du prix de l'énergie et des progrès des techniques. Comme les consommateurs seront prêts à payer l'énergie à un prix équivalent à beaucoup plus de 100 $/bl, il serait possible d'exploiter encore de très grandes quantités, beaucoup plus que ce que l'atmosphère peut recevoir sans trop chauffer, c'est à dire 1000 milliards de tonnes en deux cents ans.
Il n'est donc pas utile de connaître exactement les réserves pour savoir quelle conduite tenir pour limiter les émissions, dès lors que l'on sait qu'il y en a beaucoup plus que ce que nous pourrons consommer si nous voulons limiter l'effet de serre à ce qui sera supportable sans trop de dommages. Pour un homme qui, ne sachant pas nager, se noiera s'il n'a pas pied, peu importe que la profondeur de l'eau soit de 3 mètres ou de 4 mètres. Savoir si on laisse le marché consommer toute l'énergie fossile accessible au prix auquel il est prêt à la payer ou au contraire si l'on saura ne pas consommer tout ce qui est accessible est vraiment une question critique, qui est commentée dans le tableau des pp. 38-39. Les causes de l'effet de serre, rôle du gaz carbonique et de la vapeur d'eau On lit encore dans la presse des articles qui contestent la nécessité de diminuer nos émissions de gaz carbonique en rappelant que l'effet de serre est dû à la vapeur d'eau beaucoup plus qu'au gaz carbonique. Cette contestation, sous des allures scientifiques, ne tient pas trois secondes : il convient en effet de ramener la hausse de température à sa cause originelle ; dans les temps anciens la cause originelle tenait à des facteurs astronomiques ; aujourd'hui, la cause originelle principale est l'émission de gaz carbonique par l'homme - voir pp. 24-25. On lit aussi que, les émissions dues à l'activité humaine étant peu de chose par rapport aux émissions naturelles, ne peuvent avoir d'effet sensible. Les émissions naturelles sont à peu près compensées par ce qu'absorbent océans et continents. Le changement de la température est dû à la différence entre émissions et absorbtions ; si les émissions globales augmentent un peu (en particulier du fait de l'activité humaine), la différence, elle, augmente beaucoup. C'est là qu'est le problème ! Incertitude et prise de décision Les scientifiques vivent de l'incertitude et, par fonction, cherchent à démontrer les insuffisances de ceux qui les ont précédés - et c'est très bien ainsi. Ils ont donc raison de mettre le doigt sur tout ce que l'on ne sait pas (n'est-ce pas M. Claude Allègre ?). Cela doit-il empêcher de prendre des décisions ? Voici une petite histoire : Vous devez absolument acheter une voiture pour emmener vos enfants à l'école. On vous en présente deux, identiques ; l'une est légèrement plus chère que l'autre ; si vous la payez avec un emprunt, la différence est de 60 € par mois ; les revenus de votre ménage sont de 4000 € par mois. Vous vous apprétez à acheter la moins chère lorsque le vendeur vous dit : "je dois vous informer que la moins chère présente le risque de s'enflammer sans prévenir ; oh ! Ce n'est pas sûr ; il n'y a qu'une chance sur deux ; mais si elle s'enflamme, vous n'aurez pas le temps de sortir vos enfants de la voiture." Je le rappelle : vous devez absolument acheter une voiture. Dans ce cas, ne peut-on pas dire que l'incertitude vous aide à prendre la bonne décision ? Merci aux scientifiques de nous dire qu'il y a une chance sur deux pour que l'atmosphère devienne très dangereuse si nous consommons ne serait-ce que la moitié du carbone fossile accessible. Qu'ils continuent de faire des recherches ; ce qu'ils nous ont disent nous suffit grandement pour prendre une décision qui nous coûtera 1,5 % de notre PIB. "Trop de pétrole !" dit quelles techniques employer pour que le coût ne soit pas trop élevé (chapitre 2) et calcule ce coût (chapitre 3) - à débattre. Pourquoi certains aspects de la politique actuelle sont peu efficaces ou carrément contre-productifs * Pour faire accepter une politique de lutte contre l'effet de serre, il est important d'en abaisser le coût autant que possible - sans doute est-ce une condition nécessaire. Alors : - Plutôt que de produire du biocarburant comme on le fait aujourd'hui, mieux vaut brûler la biomasse, ce qui libère du fioul (qui est le même produit que le gazole) pour beaucoup moins cher (voir pp. 78 à 83, 101 à 103, 164 à 166). - L'ouverture à la concurrence de l'électricité aura pour effet d'en augmenter le prix (voir notamment, page 192, quatre raisons qui s'ajoutent les unes aux autres).
Sans doute serait-il préférable de pouvoir se passer d'énergie nucléaire mais, si l'on veut diminuer les émissions sans que cela coûte trop cher, mieux vaut bénéficier du bon prix de revient de la production nucléaire ; pour cela il faudrait lancer de suite la construction de deux puis trois tranches nucléaires par an ; c'est le résultat d'un calcul ; ceux qui ne sont pas d'accord présentent des solutions différentes ; il serait bon qu'ils en indiquent le coût. Il faut aussi que les prix de vente soient conformes aux prix de revient. Pour obtenir un bon niveau d'investissement et de bons prix, une bonne méthode serait de nationaliser la production d'électricité (non pas la fourniture au client final) . Cela demande une changement de politique que l'on peut qualifier de majeur ! Mais c'est peut-être plus facile à dire aujourd'hui qu'il y a un an ! (pp. 191 à 196 de "Trop de pétrole !")
* les subventions ou crédits d'impôts sans ressources budgétaires nouvelles ne sont pas "durables" : cette méthode ne permettra pas d'éviter des émissions par dizaines de millions de tonnes de carbone, MtC (en 30 ans, il faudrait gagner, par rapport à la tendance, 100 MtC, pour diviser nos émissions par trois environ ) : en effet on peut prélever quelques millions sur un budget déjà lourdement déficitaire, mais pas des milliards. Il faudra donc fixer des obligations réglementaires et/ou créer un impôt - "Trop de pétrole !" propose trois combinaisons possibles (parmi une infinité de possibles), pp. 209 à 214. Voir plus loin des commentaires sur l'impôt. * Le marché européen de permis d'émettre du CO2 est une catastrophe "Trop de pétrole !" l'explique en détail pp.155 à 160 : le marché européen des permis d'émettre du gaz carbonique décourage les investissements, incite aux délocalisations, oblige les entreprises à spéculer (pour le plus grand profit de spéculateurs heureux car mieux informés ou mieux outillés), donne une indication du "prix du carbone" dénuée de toute signification utile (sauf pour les spéculateurs), oblige à une administration coûteuse, multiplie les occasions de contentieux et les risques de favoritisme, pousse le prix de l'électricité nucléaire à des niveaux très supérieurs à son coût de production (ce qui fait monter la valeur en bourse d'EDF sans doute, mais ce n'était peut-être pas le but recherché !). Trois conditions devraient être réunies : une bonne police, une prévisibilité sur 30 ans (comme le marché de SO2 aux Etats-Unis, qui sert de référence) et une protection contre la concurrence d'entreprises non soumises aux mêmes contraintes. Or deux de ces trois conditions ne sont pas réunies. Ne faudrait-il pas suspendre ce marché tant que les trois conditions ne sont pas réunies ? * Absence de critères pour répondre aux lobbying : il manque des critères simples applicables équitablement à tous Aujourd'hui les aides accordées au biocarburant, ou à la production d'électricité à partir d'énergie renouvelable, ou aux réseaux de chaleur utilisant de la biomasse, etc. sont très différentes sans raisons clairement affichées. Or, si la France décide de diviser par deux ou trois ses émissions, des marchés considérables n'existeront qu'à la suite de décisions de l'Etat. Un programme de division par trois aura un surcoût de 30 G€ et permettra d'éviter l'achat de 120 Mtep à 50$/bl soit 40 G€ environ. Les dépenses générées par le programme sont donc de l'ordre de 70 G€ par an, ce qui est beaucoup : usines de production de biocarburant, grosses batteries électriques et véhicules bi-énergie par millions, centrales nucléaires, réseaux de chaleur, travaux d'isolation, pompes à chaleur, cultures énergétiques, etc. Le lobbying sera donc intense. L'Etat doit avoir des guides solides pour répondre positivement ou négativement en traitant tout le monde de la même façon. "Trop de pétrole !" propose deux critères très simples de bonne action climat. Premier critère : pp.133 à 136 : est intéressante une action qui coûte moins que ce que coûterait l'utilisation d'énergie fossile si le pétrole était à un certain prix . Il faudrait étudier quel est ce niveau de prix. C'est plus que les 100 ou 120 $/bl dont parle "Trop de pétrole" mais cela ne remet pas en cause la nature de ce critère, qui ne dépend pas du prix du pétrole.
Deuxième critère : p 137 : lorsqu'une action fait appel à la biomasse, elle doit permettre d'éviter l'émission de plus de 2 tonnes de carbone par hectare et par an. Pour que l'Etat inspire suffisamment confiance pour que les entreprises et les collectivités locales investissent Question nouvelle et essentielle : les marchés seront ouverts à la suite de décisions de l'Etat. Mais pour que l'offre, demain, réponde à la demande dans de bonnes conditions, il faut investir dès aujourd'hui : construire des réseaux de chaleur, modifier l'urbanisme, parachever la mise au point technologique et industrielle des biocarburants de seconde génération et des véhicules bi-énergie, construire des centrales nucléaires, construire des logements mieux isolés, etc. Que doit faire l'Etat pour que les investisseurs aient assez confiance en ses futures décisions ? Pour inspirer confiance, il faudra qu'il "mette des gages", des gages financiers. Des propositions concrètes sont faites page 217. Créer un impôt : cela devient à la mode, au moins dans les discours sinon dans la réalité (voir en particulier "le pacte écologique" de N. Hulot). C'est tant mieux. Mais attention ! Trois points de débat : - Ce n'est pas l'impôt qui devrait augmenter régulièrement, mais le prix à la consommation finale : pourquoi en effet faudrait-il un impôt qui augmente, si jamais le prix du pétrole augmente beaucoup ? Et quel serait l'effet du même impôt si le prix du pétrole baisse beaucoup (ce qui n'est certes pas exclu) ? "Trop de pétrole !" propose que l'impôt soit calculé de façon à faire augmenter régulièrement le prix à la consommation finale. L'impôt dépend donc du prix du pétrole, il augmente lorsque celui-ci baisse et inversement. Il s'ajoute à la TIPP qui, elle, ne doit pas dépendre du prix du pétrole. - Pourquoi annoncer que l'impôt portera le prix du carburant à 3 €/l ? Quelle en est la justification si le biocarburant (y compris la TIPP au taux plein) coûte 2 €/l ? A trop charger la barque, on la fera chavirer ! - Soyons clairs pour éviter tout malentendu : on nous dit : "ne vous inquiétez pas, si un impôt est créé, d'autres impôts seront diminués de sorte que le total des impôts ne changera pas". Cela pourrait laisser penser qu'un impôt nouveau ne diminuera pas le pouvoir d'achat. Or même si l'on n'augmente pas le total des impôts, un impôt sur l'énergie fossile diminera le pouvoir d'achat disponible pour autre chose que l'énergie. Il faut que cela soit clair pour ne pas abuser les citoyens - voir ici, s'il en est besoin, une explication . Il y a quelques années, l'expression de "double dividende" tendait à faire croire que la création d'un impôt sur l'énergie permettrait de gagner plus que ce que l'on dépenserait. Maintenant, on parlant d'un impôt sans augmentation du total des impôts, attention à ne pas faire croire que cela ne nous coûtera rien ! Non ! Il vaut mieux dire clairement que la lutte contre l'effet de serre a un coût. D'où l'importance de réduire ce coût autant que possible et de limiter l'impôt à ce qui est juste suffisant.
La lutte contre l'effet de serre : un magnifique terrain pour une "Europe des projets" La coopération entre Etats membres pourra être très fructueuse. Sur ces sujets qui touchent à la santé publique, à la politique étrangère, à la fiscalité, à la cohésion sociale, si c'est nécessaire ces coopérations doivent prendre une forme tout à fait différente des pratiques actuelles de la coopération communautaire : le droit de l'Union européenne le dit très clairement. "Trop de pétrole !" développe cela pp.194-195, pp. 248-250 et en annexe. Depuis longtemps, on peut être persuadé que l'essor de l'Union européenne passe par ce genre de coopération sur des sujets essentiels, comme on a fait Airbus, Arianne, Schengen, quelques armements, etc. Sur la gouvernance mondiale ; marchés de quotas, aide aux pays en développement, vers un nouveau mode de régulation mondiale ? "Trop de pétrole !" émet des doutes sérieux sur l'efficacité du processus de Kyoto (pp. 237 à 240). Le rapport de Lord Stern préconise la généralisation des marchés entre nations de permis d'émettre du gaz carbonique et l'extension de mécanisme de développement propre (MDP). Les trois conditions pour qu'un marché de permis fonctionne correctement seront-elles réunies ? On peut en douter fort. Quant au MDP, les transferts de technologies de pays développés vers des pays en développement donneront droit à des "certificats" dont la valeur sera égale au cours du carbone dans les échanges entre pays. La valeur de ces certificats permettra donc de financer partiellement les transferts de technologie, ce qui sera une aide aux pays en développement. Or le cours du carbone dépend directement du prix du pétrole : une augmentation du prix du pétrole de 10 $/bl diminue le cours du carbone (toutes choses égales par ailleurs) de 80 €/tC (soit 22 €/tCO2). Le prix du pétrole est fixé par les détenteurs de pétrole et par la spéculation ; il dépend aussi de la consommation mondiale de pétrole. Le système de MDP a donc comme effet que l'aide aux PVD dépendra des pays détenteurs de pétrole, du niveau de consommation mondiale de pétrole et de la spéculation sur le pétrole. Hum... Peut-être préféreraient-ils quelque chose de plus prévisible. A débattre. La gouvernance mondiale pourrait plutôt prendre une forme très différente de Kyoto. "Trop de pétrole !" présente deux scénarios (pp. 240 à 247) : ou bien des engagements mutuels que prendraient les dix ou douze principales puissances économiques consommatrices sur les politiques et mesures qu'elles décideraient pour diminuer leurs émissions ; ou bien si cela ne marche pas, et alors que la température aura bien augmenté, dans vingt ans la rétention de la ressource principale, le charbon, par les six pays qui en détiennent plus de 80 %. Ils y seront fortement incités par les marges colossales qu'ils en retireront et par des pressions de toutes formes qui s'exerceront pour, enfin, ramener les émissions en-dessous de 3 GtC par an. A débattre... Voir les commentaires sur la conférence de Copenhague
"Trop de pétrole !" propose bien d'autres sujets de débat : pourquoi agir sans attendre de coordination internationale, pourquoi le critère de l'efficacité énergétique est trompeur, pourquoi il faut se garder de prévoir une baisse de la consommation d'énergie plus importante, quel est le coût de la diminution des émissions, pourquoi le critère de 21 % de production d'électricité à partir d'énergie renouvelable est incompatible avec la baisse des émissions, pourquoi augmenter notre production nucléaire, pourquoi il serait préférable de ne pas augmenter les liaisons électriques avec les pays voisins, comment augmenter l'offre de biomasse forestière (là où la demande a tendance à bloquer l'offre), etc. retour en tête de page retour à la page d'accueil parue dans
"Réalités industrielles" de février 2007
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"Pour un pacte écologique" aborde la question de l'écologie dans ses différentes composantes : diversité biologique, eau, pollutions, épuisement des ressources naturelles, etc. Le réchauffement climatique occupe la plus plus grand partie du livre. C'est seulement cela qui est ici commenté. "Pour un pacte écologique" attire vigoureusement l'attention sur le risque climatique et dit qu'il faudra un impôt sur l'énergie fossile, sur quoi nous sommes d'accord. Cela dit, voici quelques observations : - il fait une confusion entre la menace d'épuisement physique des ressources énergétiques et la menace de réchauffement climatique ; cette confusion, bien que commune, est fâcheuse car selon que l'on se met dans la perspective de l'épuisement des ressources ou de la lutte contre les émissions, la politique publique est complètement différente. - il n'aborde pas la question : pourquoi agir avant d'attendre une coordination mondiale ou, au moins, européenne ? Or, au fond, je crois que c'est cette question qui bloque l'action publique. - il implique qu'il existe une relation directe entre PIB et consommation de ressources naturelles , ce qui n'est pas fondé. Bien au contraire, pour réduire les émissions, il faudra consentir davantage de dépenses que si l'on ne s'en préoccupait pas : stockage du gaz carbonique, pose de réseaux de chaleur, production de biocarburant, etc. J'espère bien que le PIB augmentera pour que je puisse consentir à cette augmentation de dépenses liées à l'énegie sans avoir pour autant à diminuer mes autres dépenses. - il propose un impôt sur l'énergie fossile, ce qui est judicieux, mais ne justifie pas le montant de cet impôt ; le coût d'un programme de diminution des émissions n'est pas étudié ; les prix indiqués "à titre d'exemple" (3 € par litre de carburant) me paraissent inutilement élevés, au risque d'être démobilisateurs - il recommande que l'impôt augmente progressivement alors qu'il vaut mieux prévoir que le prix à la consommation finale augmente régulièrement - il propose la création d'un impôt sur l'énergie fossile sans augmentation globale des impôts - ce qui est judicieux ; pour éviter toute illusion, qui serait suivie d'une déconvenue, il serait préférable de dire explicitement qu'une hausse des impôts sur l'énergie sans augmentation globale des impôts se traduira pas une ponction sur le pouvoir d'achat des ménages disponible pour autre chose que l'énergie - pour une explication, voir ici- et d'indiquer ce que sera cette ponction : moins de 10 % de l'augmentation du pouvoir d'achat - à condition que le PIB augmente ! - il recommande avec vigueur de renforcer immédiatement les contraintes que fait peser sur l'industrie le système européen d'allocation de quotas sans attendre que soit mis en place un système de protection efficace contre la concurrence d'entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes contraintes. - il dit que l'on ne pourra pas se passer de l'énergie nucléaire sans rien dire des capacités qu'il faudra maintenir ou développer ; or, par ailleurs N.Hulot affirme, au sujet de l'EPR à Flamanville, qu'il est urgent d'attendre. A mon avis, il se trompe lourdement. Mais, pour pouvoir en discuter plus avant, il faudrait qu'il nous montre un tableau complet des ressources et des emplois d'énergie d'ici dix ans, d'ici vingt ans ou d'ici trente ans ; cela permettrait d'en vérifier la vraisemblance et de compter le total des émissions en trente ans ou plus. C'est la démarche adoptée par "Trop de pétrole !" Sur un sujet tellement vaste, il y a évidemment d'autres commentaires à faire. Le retentissant "coup de gueule" de Nicolas Hulot est certainement utile. Mais redisons que pour convaincre il vaut mieux un raisonnement qui ne se contredise pas lui-même, et il faut montrer où se trouve notre intérêt, donc comparer avantages, risques, coûts. L'appel à la morale ne suffit sans doute pas ; s'il se fait pressant sans être conforté par un appel à la raison, ne risque-t-il pas d'avoir un effet contraire ? Voir des commentaires plus longs. retour en tête de page retour à la page d'accueil |