Les biocarburants - Un produit aujourd'hui
inutilement
coûteux ; demain nécessaire
si la décision politique est prise de réduire
beaucoup les émissions
de
gaz carbonique
- Mais la
décision du gouvernement est différente :
l'E85 (carburant à 85% d'éthanol), c'est cher ! une présentation et la table des
matières de "Trop de
pétrole !" - le Seuil Au sujet de l'effet de serre, le biocarburant a une position très particulière. Si l'on veut diminuer les émissions de gaz
à effet
de serre seulement de 20 ou 30 % par rapport à la tendance, il
ne faut surtout pas faire de biocarburant. C'est du pur gaspillage.
Mieux
vaut brûler du blé ou de la betterave dans des
chaudières
de chauffage collectif ou industriel que d'en faire du biocarburant -
il
vaut encore mieux brûler du bois, évidemment ou d'autres
cultures qui produisent beaucoup de biomasse : on peut compter
jusqu'à 15 tonnes par hectare. Mais si l'on veut diviser par deux ou trois nos
émissions de
gaz à effet de serre, il est nécessaire de faire du
biocarburant. Ce fut une surprise. J'étais d'avis que produire
du
biocarburant est du pur gaspillage et c'est exact aujourd'hui.
Mais, dès que j'ai commencé à travailler sur les
tableaux de "ressources-empois" d'énergie, en 2003, je me suis
rendu compte que pour "boucler" un tableau qui divise par trois (par
habitant) les émissions de gaz
carbonique il faut passer par le biocarburant car,
même en stabilisant la
consommation d'énergie par le transport et en utilisant au
maximum
l'électricité pour la propulsion des voitures et des
petits
utilitaires, et compte tenu de la limite d'émission de gaz
carbonique,
il n'y a pas assez de carbone fossile pour faire tout le carburant dont
le transport a besoin. La seule autre possibilité technique
serait en effet
l'hydrogène produit à partir d'électricité
nucléaire, dont la production, la distribution et l'utilisation
dans les voitures seraient hors de prix. Par ailleurs, ce tableau croisé des ressources et des
emplois
montre que parmi les formes d'énergie qui sont
utilisées le biocarburant est sans doute celle qui coûte
le plus cher, en incluant les
dépenses engagées par le consommateur pour pouvoir
utiliser
l'énergie (il se peut néanmoins que l'usage de
l'électricité dans des véhicules bi-énergie
coûte aussi cher, peut-être plus). Le
coût du biocarburant, augmenté des impôts qu'il
supportera (taxe transport et TVA) indiquera donc le niveau de prix de
l'énergie - sur la fiscalité de l'énergie, voir ici. Ainsi, une forte diminution des émissions de gaz carbonique change le "statut" du biocarburant. De produit inutilement coûteux il devient un produit nécessaire et, qui plus est, le produit dont le prix de revient déterminera le prix de l'énergie. Mais décider de beaucoup diminuer les émissions de gaz à effet de serre n'est pas une affaire de marché ou d'équilibre économique (puisque il y a trop de carbone fossile dans le monde). C'est une affaire purement politique. Il appartient au politique, non au marché, de décider du niveau d'émission et, en même temps, pour être cohérent, du prix de l'énergie à la consommation finale. Une orientation a été donnée par le gouvernement comme l'indique un communiqué du ministre de l'agriculture. Un rapport
officiel (CGM, CGREF, IGF) rédigé en 2005 montre
que les efforts demandés
aujourd'hui
(2006) aux
consommateurs pour financer le biocarburant sont très
coûteux : 150 €/tonne de CO2 pour remplacer du
gazole, 300 ou 400 €/tonne de CO2 pour faire de l'éthanol.
Il
a longtemps été publié sur le site du
ministère de l'industrie. On peut le
consulter ici. Il faut donc expliquer comment nous calculons volume et prix
du biocarburant. Aujourd'hui le biocarburant est formé à partir d'éthanol, un produit miscible à l'essence, ou à partir d'huile, pour faire un produit diesel. L'éthanol se fait par distillation de sucre, à partir de blé ou de betterave surtout. Le second se fait à partir de plantes oléagineuses, le colza par exemple ; par une opération simple, l'huile est estérifiée, ce qui forme un "diester", assimilable au diesel. Dans notre scénario nous appelons avec le même mot de "biocarburant" un carburant produit différemment, à partir de tous les composants de la plante, notamment la cellulose, l'hémicellulose et la lignine. Deux voies sont possibles, une voie thermochimique et une voie
biologique. En 2010, la société Shell a fait savoir
qu'elle a mis au point une voie chimique sans doute moins consommatrice
d'énergie que la voie thermo-chimique. Dans la voie thermochimique, dite aussi "voie chaude", la matière organique, quelle qu'elle soit, huile, sucre, lignine ou cellulose, est gazéifiée (en la chauffant à 1300 degrés environ) ; il se dégage alors un "gaz de synthèse" formé de gaz carbonique, de vapeur d'eau, d'oxyde de carbone et d'hydrogène. Ces deux derniers corps sont très réactifs. Par des synthèses contrôlées en fonction de la température et avec des catalyseurs bien choisis (synthèses Fischer-Tropsch), à partir de ce gaz il est possible de produire les hydrocarbures que l'on souhaite, liquides ou gazeux - et même de l'hydrogène moins cher qu'à partir de l'eau. On peut produire ainsi de l'excellent carburant. Tout le carbone de la plante est utilisé, soit sous
forme de
produit, soit pour fournir l'énergie dont on a besoin pour
produire
le gaz de synthèse puis pour faire la synthèse de
l'hydrocarbure.
Sans apport de chaleur extérieur, on dit que la réaction
est "autothermique". En autotherme, les rendements matière
escomptés,
par rapport à la matière sèche, sont de 15
% : 0,15 tonne de biocarburant pour 1 tonne de matière
organique. Avec apport d'énergie
extérieure, ils pourraient monter à 30 %. On peut aller plus loin. En effet, la proportion
d'hydrogène par rapport au carbone est, dans la plante, plus
faible que dans les hydrocarbures. La plante est en C6H9O4 c'est
à dire qu'il y a 3 atomes d'hydrogène pour 2 de carbone
alors que dans les hydrocarbures il y a 2 atomes d'hydrogène par
atome de carbone soit 4 pour 2 de carbone. Il est donc possible de
mieux utiliser le carbone de la plante en apportant
de l'hydrogène. Alors le rendement matière
théorique est de 58 % ; retenons qu'en pratique il pourrait
être de 45 ou 50 %. Il est plus exact de dire qu'avec 100 tonnes
de matière première et un apport d'hydrogène, on
peut produire 45 ou 50 tonnes de carburant liquide ayant les
caractéristiques d'un carburant pétrolier, c'est à
dire 45 à 50 tonnes d'équivalent pétrole - tep. On peut aussi envisager d'introduire encore plus
d'hydrogène dans le gaz de synthèse pour produire du
méthane. Cela n'augmentera pas beaucoup le poids mais augmentera
beaucoup le pouvoir énergétique puisque chaque atome de
carbone portera alors 4 atomes d'hydrogène au lieu de deux. La "civilisation de l'hydrogène"
n'est pas pour demain ! Dans la voie biologique, la matière lignocellulosique, la cellulose et l'hémicellulose sont attaquées par des enzymes qui en font de l'éthanol. Il faut d'abord suffisamment déstructurer la lignine pour que les enzymes puissent faire leur travail puis il faut une distillation pour récupérer l'éthanol. Beaucoup reste à faire, du moins en Europe (car il se peut que d'autres pays soient plus avancés) pour sélectionner ou créer des enzymes suffisamment efficaces et pour s'assurer de la stabilité et de la fiabilité des processus. Ce procédé, s'il peut être mis au point, sera moins consommateur d'énergie que le procédé thermochimique ; il pourra utiliser la lignine pour fournir l'énergie dont il a besoin, mais ne pourra jamais l'utiliser comme matière première. De plus, il fournit seulement de l'éthanol ce qui ne convient pas au marché des carburants, orienté massivement, en Europe, vers le diesel. Pourquoi cette
préférence pour le diesel ? Les rendements à l'hectare Avec les techniques utilisées aujourd'hui, avec un
hectare de
terre le rendement net de production de biocarburant est en moyenne
de 1,2 tonne par hectare - rendement net veut dire que l'on
enlève
toute l'énergie apportée de l'extérieur, qui est
souvent
de l'énergie émettrice de gaz carbonique. C'est une
moyenne
qui en fait ne veut rien dire. La betterave permet d'éviter
l'émission de
2,5 tonnes de carbone fossile par hectare et par an, le blé 0,8
tC/ha/an. Il sreait plus exact de tenir compte du pouvoir calorifique
de la paille ; alors le blé permet d'éviter
l'émission de 1,2 tonne de carbone par hectare et par an. Avec le procédé par gazéificiation et
synthèse, comme on l'a dit plus haut, le rendement massique
serait de 15
% sans apport de chaleur extérieure (15 tonnes de biocarburant
pour 100 tonnes de matière sèche), 30 % avec apport de
chaleur
extérieure et 50 % avec apport d'hydrogène. La chaleur extérieure et l'hydrogène devront
être produits sans émissions de gaz carbonique, c'est
à dire à partir d'énergie nucléaire ou
à de
fossile avec séquestation de gaz carbonique. La production des arbres à croissance rapide ou de
plantes sélectionnées pour la quantité de
matière organique produite peut être de 15 tonnes par
hectare et par an Dans son étude publiée en septembre 2009, l'IDDRI parle de 90 millions de tonnes sèches sur 7 millions d'hectares en améliorant l'environnement, soit 13 tonnes par hectaree t par an. Après cette
étude, le passage suivant, rédigé il y a cinq ans,
est désormais inutile Si l'on veut beaucoup
diminuer nos émissions, il faudra
que la production de biocarburant soit supérieure à 3,5
tep par hectare et par an avec un apport d'énergie et
d'hydrogène venant de l'énergie nucléaire ou
d'énergie
fossile
avec séquestration du gaz carbonique. On recherchera donc, non pas les plantes qui font le plus de sucre ou d'huile, mais celles qui font le plus de matière organique, comme la maïs, le tritical ou d'autres plantes organiques ou encore les taillis à croissance rapide et à courte révolution ; on choisira les plantes qui conviennent le mieux au terrain et qui ne demandent pas trop d'eau ni d'engrais. Avec
un rendement massique de 30 %, il suffirait de 5,5 Millions
d'hectares (sur une surface convertible comprise entre 10
et 13 Mha) pour produire 21 Mtep de biocarburant. Mais on n'aura
peut-être pas besoin d'autant de biocarburant ; cela
déendra des progrès des batteries. Les biocarburants produits
aujourd'hui Les biocarburants de
première génération Même pour les biocarburants produits aujourd'hui, on a un peu de mal à connaître le coût de production. On peut penser que ce coût n'est pas supérieur au prix hors taxes du carburant pétrolier en 2004, sachant que les biocarburants jouissent d'une exonération de TIPP très importante, presque totale en ce qui concerne les diesters, qui se substituent au diesel. Au début 2004, le prix moyen de vente du gazole à la pompe était de 81 €/hl TTC, donc 68 €/hl hors TVA. Le prix hors toutes taxes était de 26 €/hl, la TIPP de 42 €/hl. Le prix hors toute taxes du biocarburant diesel rendu à la pompe était de 60 €/hl. Si la production augmente beaucoup, le coût du diester diminuera certainement. Le coût du biocarburant tient compte d'une aide agricole
à
la production des plantes qui servent à la production de
biocarburant,
et l'impact de cette aide va certainement changer. Cette aide pouvait
être en 2008 de 400 €/ha (c'est un maximum) soit, pour un
rendement moyen de 1,2 tep/ha, 330 €/tep, soit 26 €/hl. Sans aide à
l'agriculture et hors taxe, le prix à la pompe du biocarburant
diesel serait
donc aujourd'hui de 86 €/hl soit 1000 €/tep.
Les biocarburants de seconde
génération utilisant toute la biomasse A l'avenir le paysage
sera
différent car les rendements de
production de biocarburant par hectare seront doublés ou
triplés et l'on ne sait pas quelle sera la subvention à
l'agriculture ou à la sylviculture. Le rendement de production de biocarburant par hectare augmentera pour plusieurs motifs différents : une plus grande utilisation de la matière organique par hectare (car la production organique srea plus grande et on utilisera une plus grande partie de la matière produite) et un meilleur rendement massique de l'utilisation de la matière utilisée (grâce à un apport extérieur de chaleur et d'hydrogène). Si le rendement de production de biocarburant à
l'hectare est doublé, voire triplé, l'effet de la
subvention à l'hectare s'estompe mais les coûts de
production à la tonne produite diminueront. Une étude faite en 2009 conduit à un coût de production de 1100 €/tonne soit 93 €/hl. Pour avoir le prix hors taxe à la pompe, il faut ajouter le coût du transport et de la distribution (6 €/hl) et des bénéfices (3 €/hl pour un bénéfice de 5 %) soit environ 102 €/hl à la pompe hors taxes. Le carburant produit par gazéification et synthèse aura des caractéristiques aussi proches que l'on veut des carburants d'aujourd'hui et même peut-être plus performantes. On peut donc compter que 1 tonne de ce biocarburant fera 1 tep. Retenons comme hypothèse que le prix à la pompe hors taxe est de 102 €/hl. En ajoutant une taxe transport égale à la TIPP aujourd'hui appliquée au gazole (soit 43 €/hl) et la TVA on arrive à 1,75 €/l. Cette valeur est supérieure à celle que j'ai donnée dans "Trop de pétrole !" (1,45 €/l) ; on peut espérer que les progrès techniques diminueront le coût de production de biocarburant.C'est le niveau de prix qu'il est prudent de retenir. Par rapport au prix de 2009 (environ 1 € par litre de gazole), c'est une augmentation, en monnaie constante de 2 ou 3 centimes d'euro par litre tous les ans, en monnaie constante. On peut aussi dire, en tenant compte de l'inflation (si elle est de 1 à 2 % par an) que le prix augmenterait chaque année de 4 centimes d'euros par an en monnaie courante - cela, indépendamment du prix du pétrole. Ce prix peut être inférieur si la production agricole en amont est aidée : une subvention de 400 €/ha a un effet de 0,1 à 0,15 €/litre. En fait, il n'est pas nécessaire de connaître aujourd'hui le montant exact. Il suffirait d'une augmentation modérée et régulière chaque année dès aujourd'hui, jusqu'à ce que le prix du carburant suffise à payer le coût du biocarburant et les taxes. Naturellement, tous les chiffres sont exprimés en
monnaie constante. Le procédé
annoncé par Shell en 2010 - voir notamment un
article paru dans la Recherche en juillet-août 2010 A partir de biomasse lignocellulosique, production d'acide
lévulinique. Celui-ci est transformé en acide
valérique par hydrogénation. Celui-ci réagit
avec un alcoll pour faire un ester qui, selon l'alcool
utilisé, peut être ajouté à de
l'essence ou à du gazole. Shell annonce que ce biocarburant a
été testé sur dix véhicules qui ont fait en
tout 250 000 km. Selon Shell, les pocédés de production
sont simples et utilisent des réactions chimiques connues. Ce
procédé demande de l'hydrogène et consomme de
l'acool, éthanol pour produire de "l'essence" ou un alcool plus
lourd pour produire du "gazole". Il sera intéressant de
connaître le bilan énergie (la production
d'hydrogène demande beaucoup d'énergie), le bilan carbone
(la production d'alcool cause des émissions de CO2) et la
quantité de biocarburant produite par hectare de biomasse (comme
on l'a vu plus haut, on produit peu d'éthanol par hectaure de
biomasse).
Si le biocarburant est inutilement cher ou nécessaire Que décider aujourd'hui ? Si l'on n'a pas pris la décision de beaucoup diminuer les émissions de gaz à effet de serre, ce serait du gaspillage que d'augmenter la quantité de biocarburant subventionnée à grands frais tant du côté de la production agricole par des subventions que du côté de la consommation par des dégrèvements fiscaux. Si l'on prend aujourd'hui la décision de beaucoup diminuer les émissions de gaz carbonique, on sait que l'on aura besoin de produire du biocarburant. Cela ne veut pas dire qu'il faille augmenter la production dès maintenant, bien au contraire. Cela veut dire qu'il faut dès maintenant se préparer pour pouvoir en produire et en consommer beaucoup sans peser sur le budget de l'Etat. Voici une séquence possible : Dans l'immédiat : - pousser au maximum la recherche industrielle pour mettre au point des techniques de production qui utilisent le maximum de carbone organique (gazéification, hydrolyse biologique puis apport de chaleur extérieure puis d'hydrogène) - pousser la recherche et les essais de culture de plantes qui produisent le maximum de carbone organique et développer sans tarder ces cultures - utiliser cette biomasse dans les réseaux de chaleur - ne pas augmenter la production de biocarburant
avec
les techniques actuelles - car il y a beaucoup mieux à faire - donc : utiliser les moyens budgétaires consacrés à la biomasse à développer l'usage thermique de ces variétés très productives de biomasse - engager une hausse progressive, continue et
régulière
du prix du carburant pour atteindre d'ici une trentaine d'années
un prix suffisant pour payer le coût complet du biocarburant (y
compris
les taxes sur le carburant) - voir ici une
variante qui combine fiscalité et réglementation. Dans les années à venir - Dès que les nouvelles techniques seront industriellement au point, même sans apport de chaleur extérieure créer des usines de production de biocarburant - continuer de développer les cultures très productives de carbone organique et en utiliser le produit pour faire du biocarburant - augmenter - ou laisser le marché augmenter - le prix
du carburant de la façon la plus progressive possible - régler la production de biocarburant en fonction des moyens budgétaires disponibles tant que le prix n'aura pas atteint le niveau qui permet de payer complètement les coûts de production - ultérieurement, apporter de la chaleur "sans carbone"
puis de l'hydrogène pour
augmenter la production de biocarburant par hectare de culture. Il n'est pas pertinent de fixer a priori un taux de croissance de la consommation de biocarburant Ce processus montre que la consommation de biocarburant ne doit pas avoir un taux de croissance régulier. Par contre il serait efficace de rechercher une croissance régulière des surfaces cultivées pour les usages énergétiques. Construire aujourd'hui des usines de biocarburant sur des techniques qui seront dépassées dans quelques années demande que l'on y consacre des moyens financiers (sous forme de réductions de TIPP ou d'une autre façon) alors que les mêmes moyens seraient beaucoup mieux employés à développer l'usage de la biomasse comme chaleur, notamment par le financement de réseaux de chaleur. Voir ci-dessous une méthode possible. Redisons qu'il faut aussi financer dès maintenant la
recherche
industrielle et agronomique et s'engager dans une croissance
régulière
du prix à la consommation finale du carburant.. voir la feuille sur la
fiscalité de l'énergie retour en tête de
page
Une variante
qui combine réglementation et fiscalité :
utiliser les instruments fiscaux pour développer l'usage de la
biomasse comme source de chaleur Il pourrait être commode de faire obligation à
tout fournisseur de carburant d'incorporer une quantité minimum
de biocarburant et de le laisser libre du type de biocarburant qu'il
utilisera. Alors, le prix du carburant sera ajusté pour couvrir
les dépenses : il sera égal non pas au coût de
production de biocarburant mais au coût moyen du carburant,
d'origine pétrolière et organique. Mais, si ce minimum
augmente régulièrement, cette méthode ne conduit
pas à suivre le chemin optimum que nous proposons : dans un
premier temps recherche et augmentation des usages thermiques de la
biomasse, puis rapide augmentation de la production et de l'utilisation
de biocarburant. C'est pourquoi il serait recommandé de laisser aux
fournisseurs de carburant la possibilité de répondre
à leur obligation en rendant possible l'utilisation
supplémentaire de matière organique non pas pour faire
du biocarburant mais pour faire de la chaleur. Pour donner de la
souplesse, il est possible d'envisager l'utilisation d'instruments de
marché : des certificats négociables que les fournisseurs
pourront acheter à des opérateurs qui vendront de la
biomasse de chaleur dans des conditions à préciser. Pour
un même montant financier, l'efficacité du point de vue
des émissions de gaz carbonique sera quatre à cinq
fois supérieure à l'usage de la biomasse comme
biocarburant !
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Cela coûte plus de 1000 € par tonne de carbone évitée, alors que l'utilisation de biomasse comme chaleur libère du fioul, qui est du gazole, pour moins de 300 € par tonne de carbone évitée Un plan bioéthanol a été annoncé, avec diffusion d'une "essence" à 85 % d'éthanol, l'E85. Pour être compétitive avec le gazole, cette "essence", qui aura un pouvoir énegétique inférieur d'un tiers à celui du gazole, sera vendue 0,8 €/l soit 0,67 €/l hors TVA. Les frais de distribution d'un carburant sont de 0,08 €/litre. Ceux de cette "essence" seront supérieurs puisqu'il faudra créer tout un réseau nouveau. Au bas mot 0,15 €/l. L'éthanol pourra donc être acheté 0,52 €/l. C'est, à ma connaissance, le prix de revient annoncé par les producteurs d'éthanol. Cela veut dire tout simplement que, pour rémunérer le producteur d'éthanol comme il le demande, le bioéthanol devrait être à peu près complètement exonéré de TIPP. Coût pour la collectivité : on fera une comparaison non avec la TIPP de l'essence, mais avec celle du gazole, de 430 €/m3. Si l'on considère que cette TIPP couvre les "coûts externes" de l'utilisation de la voiture (chaussées, encombrement, pollution, risques d'accident), elle devrait être prélevée également sur les utilisateurs d'E85, en fonction du nombre de kilomètres parcourus. Elle devrait donc être de 280 €/m3. Une exonération totale serait donc une aide de 280 €/m3 d'éthanol, soit 430 €/m3 de carburant pétrolier remplacé, soit 570 € par tep, permettant d'éviter l'émission d'une tonne de carbone fossile.. Or, lorsque l'on produit 1 tep d'éthanol, on émet en gaz à effet de serre l'équivalent de 0,4 tonne de carbone. L'aide à l'éthanol s'élève donc, selon ce calcul à 1000 € par tonne de carbone évité, avec un pétrole à 65 € par mètre cube. Si l'on avait faisait une comparaison avec la TIPP applicable à l'essence, l'aide fiscale serait calculée à 1500 € par tonne de carbone. Si le prix du pétrole baisse (il est probable qu'il baissera), pour que l'éthanol trouve son débouché, il faudra d'autres aides, soit des aides à l'agriculture, soit un obligation d'incorporation faite aux distributeurs, qui se traduira pas une hause du prix moyen du carburant. Pour développer l'utilisation de biomasse comme chaleur, ce qui libère du fioul, qui est un carburant, il suffit de 300 €/tonne de carbone, en supposant le pétrole à 50 $/bl, 200 €/tC si le pétrole est à 65 $/bl. |
du prix de
l'électricité, du prix de la biomase, du coût du
financement
Prenons le cas d'une production de biocarburant par thermolyse et synthèse Fischer Tropsch avec ou sans apport d'hydrogène et de chaleur. Sans apport de chaleur, avec apport d'hydrogène produit par électrolyse avec de l'électricité nucléaire, le rendement masse est de 50 % ; prenons pour hypothèse que la capacité de production est de 1 million de m3 par an et que le taux d'intérêt est de 8 %. - Si le prix de l'électricité est de 55 €/MWh et celui de la biomasse de 25 €/MWh, le coût de production est de 0,98 € par litre. - Si l'électricité est produite par des énergies renouvelables à 120 €/MWh, le coût passe à 1,50 € par litre. Si le prix de l'électricité est de 150 €/MWh, le coût de production est de 1,84 € par litre. - Si le prix de l'électricité est de 20 €/MWh (pendant les saisons où la consommation d'électricité est relativement basse), le coût de production est de 0,7 €/MWh. Si les installations ne travaillent que la moitié du temps, leur amortissement coûte deux fois plus cher : le coût est alors de 0,89 € par litre. Si l'électricité est vendue au coût marginal du nucléaire, soit 10 €/MWh et si les installations tournent le tiers du temps, le coût est de 1,02 € par litre. - Si la biomasse est à 30 €/MWh (au lieu de 25) et l'électricité à 55 €/MWh, le coût passe de 0,98 € par litre à 1,02 €/l. - Si la capacité est deux fois plus grande, le coût passe de 0,98 €/MWh à 0,96 €/MWh. - Si le taux d'intérêt est de 4% au lieu de 8 %, le coût de production passe de 0,98 € par litre à 0,91 € par litre. - Si l'investissement est supérieure de 20 % à ce qui est prévu, le coût de production passe de 0,98 €/l à 1,02 €/l. Ces indications montrent que le facteur de coût le plus sensible est le prix de l'électricité. Puis vient le coût du financement. Utiliser l'électricité seulement dans les périodes de faible consommation d'électricité ? Il est intéressant de produire ne serait-ce que la moitié du temps pour consommer de l'électricité disponible pendant les périodes de faible consommation. Si l'électricité est "renouvelable", le coût de production de biocarburant est deux fois plus élevé Une électricité renouvelable produite par des éoliennes sur terre, des éoliennes en mer et du photovoltaïque coûterait en moyenne (y compris le coût de l'intermittence) 160 €/MWh au lieu de 55 €/MWh. Le coût de production du biocarburant serait alors doublé. Produire sans apport de chaleur ni d'hydrogène ? Pour produire du biocarburant sans apport d'hydrogène ni de chaleur, l'investissement serait moindre, le rendement masse également (seulement 18 % au lieu de 50 %). Le coût de production serait de 1,03 € par litre. La production serait donc un peu plus chère qu'avec de l'électricité nucléaire mais trois fois moins abondante. Produire du biocarburant avec de l'hydrogène produit à partir de gaz naturel ? Ce serait la méthode la moins coûteuse si l'on ne comptait pas le coût des émissions de CO2 : 0,85 € par litre si le prix du gaz naturel est 30 €/MWh. Le rendement masse ne serait pas mauvais mais la consommation de gaz naturel serait de 7 kWh par litre de biocarburant. Dans un programme de forte diminution des émissions de CO2, en supposant que la capacité nucléaire augmente suffisamment, le prix de gros du gaz naturel rendu chez le consommateur serait de 60 €/MWh soit 30 €/MWh de plus ou 3 c€/kWh, ce qui se traduirait par une augmentation du coût du biocarburant de 0,2 € par litre. Le coût passerait donc à 1,05 € par litre. Si la capacité nucléaire n'augmente pas ou diminue, pour diviser par trois les émissions de CO2, il faudra que le prix du gaz soit plus élevé : 100 €/MWh sans doute. Le coût du biocarburant serait alors de 1,35 € par litre. La solution la moins coûteuse : avec de l'hydrogène produit par électrolyse en été et à partir de méthane en hiver ? Il se pourrait que la solution la moins coûteuse soit de produire du biocarburant avec apport d'hydrogène (ce qui permettrait de bien utiliser la biomasse et les équipements), l'hydrogène étant produit par électrolyse hors saison de chauffe et à partir de gaz naturel pendant la saison de chauffe. |