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Le texte ci-dessous a été écrit en 2013 - en 2019, il apparaît qu'il faut modifier les consommations et le coûts mais la conlusion reste valide : la baisse du nucléaire obligera à dépenser plus que si la elle ne baissait pas Stabiliser la capacité nucléaire ou la diminuer coûte très cher : des dizaines de milliards d'euros par an voici comment l'évaluer Un
coût est toujours une différence. Parler d'un coût
sans préciser les termes de la comparaison n'a pas de sens. Supposons que l'objectif soit de diviser par trois les émissions de CO2. Il est possible de l'atteindre avec plus ou moins de nucléaire. Le coût de "moins de nucléaire" s'évalue par comparaison avec l'hypothèse de capacité nucléaire qui minimise les dépenses à faire pour atteindre l'objectif. Je
pense que la capacité nucléaire qui minimise les
dépenses est 94 GW. Le
coût de la décision de limiter la capacité
nucléaire à 65 GW ou à 40 GW
est donc ce qu'il faudait dépenser de plus avec 65 ou 40 GW en
comparaison avec ce qui serait dépensé si la
capacité nucléaire était
de 94 GW. Comme,
dans tous les cas, la consommation d'énergie fossile est
la même, ce que l'hypothèse 65 GW ou 40 GW
nucléaire coûte de
plus que l'hypothèse 94 GW ne dépend pas ou guère
du prix du
pétrole, du gaz et du charbon.
La
façon dont je calcule le surcoût est décrite dans Avec le
nucléaire (2012) et
dans Moins de
CO2 pour pas trop cher (2012).
voici une présentation synthétique. - Première étape :
des tableaux de production-emploi d’énergie qui divisent les
émissions de CO2 par 3 avec 94 GW nucléaire ou 65 GW ou
40 GW. Pour dresser ces tableaux il faut des hypothèses sur la
capacité de biomasse, l’évolution des distances
parcourues sur route par personne, la consommation pour la chaleur dans
le bâtiment, la part des pompes à chaleur, la
capacité éolienne et PV, etc. Un tableur
est
disponible pour cela. En
jouant sur l'isolation thermique des bâtiments, sur la
mobilité, sur la
consomation d'énergie par l'industrie, etc., il y a plusieurs
façons de
diviser par trois les émissions de CO2 en augmentant la
capacité
nucléaire, ou en la laissant constante ou en la
réduisant. Avec les
hypothèses que j'ai retenues, j'ai dressé trois tableaux
de
ressources-emplois d'énergie : le tableau
A avec 94 GW ; le
tableau B avec 65 GW et le
tableau C avec 40 GW.
- Deuxième étape :
le calcul du surcoût de production d’électricité en
comparaison avec la solution 94 GW : Il faut d’abord calculer le coût de l’électricité EPR. Le calcul se fait à partir d'une hypothèse sur le coût d'un EPR de série, inférieur, bien sûr au coût du prototype , en prenant pour les autres dépenses les chiffres de la Cour des comptes. Chacun peut faire les calculs à partir de ses propres hypothèses sur le montant de l'investissement initial, le taux d'intérêt, le coût de démantèlement, etc. : voir ici. Dans Moins de CO2 pour pas trop cher, j'ai compté le coût de l'électricité nucléaire à 60 €/MWh (voir ici un commentaire). Puis il faut évaluer le coût complet des énergies éoliennes et PV, y compris le réseau et les coûts de stockage (nécessaire pour diviser les émissions par trois avec une grosse proportion éolienne et PV) ; on a également besoin d’une hypothèse sur le coût de l’électricité à partir de gaz ; là je suppose que, si l’on incorpore le coût du CO2 (soit le coût du CCS, soit une taxe), l’électricité coûtera 110 €/MWh (ce qui est cohérent avec une division par trois de nos émissions avec 94 GW nucléaire). Il faut aussi une hypothèse sur la répartition de la capacité entre éolien sur terre, sur mer et PV et prévoir une baisse du coût PV et, peut-être, éolien en mer (mais pas de baisse du coût de l’éolien sur terre). Au total, je dis que l’électricité PV et éolienne coûtera en moyenne 110 €/MWh plus cher que le nucléaire. - Troisième étape : le calcul du surcoût de l’isolation en comparaison avec la solution 94 GW. On calcule pour cela la consommation moyenne pour le chauffage dans les bâtiments existants à partir de la consommation totale au niveau national et d’hypothèses sur le nombre de logements construits chaque année et la consommation dans les bâtiments neufs. Pour calculer le coût, il faut un hypothèse sur le taux d’actualisation et (ce qui est un point crucial) sur le montant de l’investissement à réaliser dans l’existant pour diminuer la consommation d’énergie de chauffage de 1 kWh/an. Il faut aussi une hypothèse sur le coût de l’énergie économisée : je l’ai pris égal au niveau de prix qui permet de diviser les émissions par trois avec 94 GW nucléaire soit 115 €/MWh HT - hors toutes taxes, TVA, CSPE et autres ; cette valeur est compatible avec un coût de production nucléaire de 65 €/MWh. Dans le tableur simplifié que j'ai utilisé pour Moins de CO2 pour pas trop cher, on indique seulement le coût de l'investissement qui permet de diminuer la consommation d'énergie finale de 1 kWh/an. On peut y indiquer deux valeurs différentes selon ne niveau d'isolation déjà atteint. Un autre tableur distingue l'investissement qui permet de diminuer les pertes thermiques et l'investissement en pompes à chaleur, qui permet de mieux utiliser l'électricité. Pour plus de commentaires voir la page "chaleur". - Quatrième étape : le calcul du surcoût des déplacements sur route ; ce n’est pas facile. Pour calculer le surcoût du scénario 65 GW comparé au scénario le moins coûteux (94 GW), je pars de la situation 65 GW et je calcule combien il faudrait dépenser en plus pour avoir la même mobilité que dans la solution 94 GW mais sans augmenter la capacité nucléaire (il faudrait consommer plus d’électricité sur route et produire plus de biocarburant en utilisant davantage d’électricité, éolienne ou PV). Il est sûr que le surcoût imputable au fait que l’on ne dispose que de 65 GW est inférieur au chiffre ainsi calculé. Faute de mieux (mais on fait généralement comme cela dans cette situation), je dis que ce surcoût est égal à la moitié de ce que j’ai calculé pour une mobilité inchangée. Je fais de même pour comparer 65 et 40 GW. - Au total avec les hypothèses retenues dans
Avec le nucléaire et
moins de CO2 pour pas trop cher,
si l’on compare à 94 GW nucléaire, le
surcoût de 65 GW est, pour la production
d’électricité éolienne et PV de 7 G€/an, pour le
bâtiment (avec un taux d’actualisation de 4%) de 2,4 G€/an, pour
le transport de 2,5 G€/an soit au total 11,9 milliards d'euros par an.
Complément
apporté début
janvier 2013, à propos du coût de production de
l'électricité nucléaire Lorsque
j'ai rédigé Avec le
nucléaire et Moins de
CO2 pour pas trop cher, le coût du prototype était
évalué à 6 Milliards d'euros (G€). A la fin de
2012, l'évaluation a été portée à
8,5 G€. Il
se
peut donc que l'électricité nucléaire coûte
plus
cher que
ce qui est calculé dans Avec
le nucléaire et Moins
de CO2 pour pas trop cher.
La différence pourrait
être de
10 ou 15
€/MWh : 65 à 70 €/MWh au lieu de 50 à 60 €/MWh.
Le surcoût de l'électricité éolienne ou
solaire diminuera d'autant, bien sûr. Les économies
d'énergie coûteront moins cher, mais pas beaucoup moins
cher là où seront utilisées des pompes à
chaleur. Au total le coût de "moins de nucléaire"
pourrait être
inférieur de 5 à 10 G€ par an à ce que j'ai
calculé, donc supérieur à
25 G€ par an.
Après avoir fait ces calculs j’ai été étonné par le faible surcoût dans le bâtiment dans le cas de 65 GW. Cela s’explique car j'évalue le coût de l’énergie évitée à hauteur de 140 €/MWh TTC ou 115 €/MWh HT, c’est à dire le niveau permettant une division par trois des émissions avec 94 GW nucléaire. Le surcoût augmente énormément en cas de baisse de capacité nucléaire car le coût de l’isolation augmente beaucoup lorsque le degré d’isolation est déjà élevé. C’est pourquoi, pour comprendre l’origine des coûts, il faut passer de considérations globales (le tableau des ressources et emplois d’énergie, non pas seulement d’électricité) à la consommation par logement car c’est cette consommation qui permet d’avoir une idée du coût. La faible valeur du surcoût du transport peut également étonner. Là aussi, je compare à une situation où les émissions de CO2 sont déjà divisées par trois (avec 95 GW de nucléaire) c'est-à-dire un carburant à 1,8 €/l à la pompe. Toutes
les hypothèses numériques utilisées sont
contestables mais il est facile d’en introduire d’autres pour voir ce
que cela donne. |