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Pour une stratégie bas carbone conçue conjointement avec des pays d'Afrique

pour viser à la fois le développement et la neutralité carbone d'ici 2070 de l'ensemble de nos pays.

Un article paru dans la Revue de l'énergie (novembre-décembre 2020)
La France, l'Europe, le monde

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L'approvisionnement en énergie est un enjeu stratégique.La politique de l'énergie relève donc de la responsabilité des Etats.

Dans ce domaine, la concurrence  n'est pas une concurrence commerciale. C'est une concurrence entre Etats, y compris entre Etats alliés ; y compris entre Etats membres de l'Union européenne.
Les pays exportateurs de gaz ou de pétrole et les pays autosuffisants peuvent faire monter les prix et y ont intérêt. On voit qu'ils snt capables de s'entendre entre eux - OPEP et Russie et d'autres dans OPEP+. Quelle serait l'attitude des Etats-Unis avec un président tel que Trump ?
La France n'a pas de ressources naturelles fossiles ; elle dispose de l'énergie atomique, ce qui lui donne un avantage sur des pays qui ne peuvent pas en disposer ou qui y ont renoncé. Les pressions sont très fortes, pour qu'elle y renonce. Ces pressions s'exercent sous des formes très variées et trouvent en France même de nombreuses complicités qui n'en sont sans doute pas toutes conscientes.
La France s'est déjà beaucoup affaiblie car pendant vingt ans, elle a préféré dépenser des dizaines de milliards d'euros pour installer des éoliennes et des panneaux photovoltaïques fabriqués ailleurs et elle n'a pas construit sur son territoire de nouveaux réacteurs nucléaires, ce qui lui a fait perdre de son savoir-faire., ce dont les adversaire du nuclaire tirent argument.


L'Europe 
Le monde 
Une stratégie bas carbone conçue avec des pays d'Afrique /Le grand jeu des pays producteurs de pétrole et de gaz à bas coût  La France et le nucléaire dans le monde

Comment faire une Europe de l'énergie ?
 
Un article paru dans la Jaune et la Rouge de décembre 2020 : "les politiques de l'énergie dans l'Union européenne"

Certainement pas avec un "marché unique de l'énergie". L'énergie est une matière stratégique et la situation est très différente d'un Etat membre à l'autre. Une Europe de l'énergie se fera donc en respectant la souveraineté des Etats et en tenant compte des différences. Ce sera sur le mode de coopération qui ressemble aux accords de Schengen, à Airbus ou au mode de coopération créé par le traité de Lisbonne pour la défense et la fabrication d'armement, une "coopération structurée permanente" ou encore avec des  "projets importants d'intérêt commun" (qui peuvent recevoir des aides publiques).

En se donnant UN objectif et non pas de multiples objectifs
. L'objectif est de diminuer les émissions de CO2 ; il n'est pas de diminuer la quantité d'énergie consommée. Cet objectif en recouvre un autre, essentiel : la sécurité d'approvsionnement. Dans l'Union européenne, chaque Etat devrait s'engager sur des émissions et être libre de choisir les moyens de tenir ses objectifs. Les politiques pourraient être très différentes d'un Etat à l'autre. La politique des "trois fois 20" (20 % de moins de CO2, 20 % de moins d'énergie et 20 % d'énergie renouvelable en 2020) avait deux "20" de trop. Ces deux "20" superflus sont des moyens, qui seront pertinents ou non selon les pays ; si on les prend pour des buts, ils sont gênants.

En 2020, pour l'énergie, l'Union européenne vise plus de dix objectifs parmi lesquels aucun n'est "secondaire" par rapport aux autres comme l'explicité le réglement sur la gouverance de ce que l'on appelle abusivement "l'union de l'énerge".

Le marché européen des permis d'émettre
Il ne peut pas donner de bons résultats si sa visibilité est insuffisante et si les entreprises ne sont pas protégées de la concurrence d'entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes contraintes. Et il exige, évidemment, une bonne police - l'expérience l'a démontré par l'absurde !


Voir
  une "note brève" : les politiques de l'énergie dans l'Union européenne : une proposition : des coopérations comme en matière de défense - octobre 2017
 "L'électricité dans l'Union européenne", intervention faite à un colloque de Passage, le 16 février 2017
  "Angela Merkel a sonné le glas du marché unique de l'énergie", paru dans les Echos le 6 juin 2011, à la suite de la décision allemande de ne pas produire d'électricité nucléaire
 
les coopérations structurées permanentes
 "pour une coopération européenne nouvelle entre Etats libres de s'organiser" la Jaune et la Rouge novembre 2007
.
 "Pour une Europe des projets"  journal le Monde, en décembre 1994
Dans  "La France, économie, sécurité - économie mondialisée, sécurité natinale, Union européenne" Hachette 1994, accessible ici.
      le chapitre de ce livre qui traite du rôle de l'Etat et de l'Union européenne en matière de sécurité, dont la sécurité d'approvisionnement en énergie
      dans ce chapitre, présentation d'un cas qui relève de l'énergie : le cas Campus-oil.



Au sujet du marché européen des permis,
  - les permis de CO2 : la voie ouverte à de gigantesques spéculations  
  - un article ancien    Marchés du CO2 : il y a mieux à faire journal le Monde, 21 juin 2005










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Pour les lecteurs de la note brève de décembre 2020




Pour une évaluation du coût du CO2 évité en Afrique par un réseau photovoltaïque en zone rurale , on peut voir ici  à la page 25




Pour une stratégie bas carbone conçue conjointement avec des pays d'Afrique
pour viser à la fois le développement et la neutralité carbone d'ici 2070 de l'ensemble de nos pays.

Alors que le CO2 ignore les frontières,  vouloir être "neutre en carbone" vingt ans avant les autres est absurde.

Pour pouvoir se dire "neutre en carbone" dès 2050, la France se dit prête à dépenser 15 à 20 milliards par an de plus qu'avec une autre politique où ses émissions seraient compensées, dans le cadre de coopérations avec des pays d'Afrique, en évitant des émissions en quantité égale. L'effet sur les émissions serait le même que notre neutralité carbone. Les dépenses totales seraient très inférieures et les bénéfices de la coopération déborderaient très largement le cadre de la lutte contre les émissions.

La prochaine Stratégie énergie-climat devrait donc 
1-  viser la neutralité carbone en 2070 
2- prévoir une consommation d'électricité de 900 TWh 
3- prévoir 95 GW nucléaire et peu d'éolien et de photovoltaïque
4- consacrer jusqu'à  5 milliards d'euros par an ou davantage à contribuer au financement de production d'électricité décarbonée dans le cadre d'accords de coopération avec des pays d'Afrique :  photovoltaïque, réseaux locaux et batteries, production de bois, puis nucléaire adapté aux besoins de ces pays.  Selon quelles modalités ?  : garantir les  financements d'origine privée (propostion de Lionel Zinsou) ; des accords bilatéraux dont l'objet dépasse la production d'énergie ; ou des JETP, accords multilatéraux  portant seulement su l'énergie

Quatre "notes brèves" (une page chacune), une conférence (le 20 octobre 2023) et trois articles
 
Energie : le temps est venu de décisions politique d'ampleur  20 septembre 2023
CO2 : notre bel objectif de neutralité française dès 2050... vu d'ailleurs  juin 2022
Immigration, neutralité carbone, développement, pouvoir d'achat, efficacitré énergétique, une "note brève" paru en décembre 2021
Que la France propose à des pays d'Afrique une stratégie bas carbone conjointe
une "note brève" la veille de la COP 26 de Glasgow.

Une conférence :
Comment la France peut éviter plus efficacement des émissions mondiales de CO2. Donner du sens à notre transition énergétique en coopérant avec des pays africains.

Quatre articles
Un article paru dans le Monde, cosigné avec un député de Centrafrique : les énergies renouvelables au service de l'Afrique.
Pour une stratégie bas carbone menée conjointement avec des pays africains   dans la Revue de lénergie de novembre-décembre 2020.
La neutralité carbone sans trop de contraintes ni de dépenses -  dans la Revue de l'énergie de mai-juin 2021,
Revue Esprit de juin 2010 : la nouvelle géopolitique du CO2










Financer
dans des pays en développement des investissements qui évitent des émissions de CO2

Pour le financement d'infrastruture, garantir les financements d'origine privée ? Des accords bilatéraux entre la France et quelques pays d'Afrique ? Les JETPJust energy transition partnership, accords entre un pays en développement d'une part et quelques pays ou groupes de pays d'autre part ?


Demander aux institutions multilatérales de garantir les investissements d'origine privée finançant les projets d'ampleur dans les pays pauvres

C'est une proposition de Lionel Zinsou, ancien premier ministre du Bénin et cofondateur d'une société de services financiers tournés vers l'Afrique.

Il l'exprime au cours d'un entretien publié dans le journal La Croix (17 avril 2024). Il relève que  "les Etats et les institutions multilatérales ne disposent pas des ressources suffisantes, là où celles des gestionnaires d'actifs, tels l'américain BlackRock ou le français Amundi, sont absolument gigantesques (...)  tout comme le sont celles des philanthropes".  Mais les acteurs privés "considèrent que ces investissements sur des projets d'ampleur, telles les infrastructures d'énergie renouvelable, sont trop hasardeux dans des pays où les risques de non remboursement sont très importants - notés triple C par les agences de notation. Pour les encourager, il faut mettre en place un mécanisme afin d'assurer ce risque financier". "Les ressources financières de la Banque mondiale et du FMI auraient ainsi un impact bien plus important qu'auourd'hui (...). Mais des réticences demeurent, car cela va à l'encontre de leur culture : ce sont des organismes qui ne recherchent pas le profit, à la différence des gestionnaires d'actifs. Or en protégeant ces derniers du risque, elles les aident à dégager du profit. Il va falloir dépasser ces objections".

Commentaire : pour le financement d'infrastuctures, garantir les investissements d'origine privée contre les risques d'impayé ou de non remboursement d'une dette présente l'avantage que ces investissements vont diectement vers leur objet sans passer par le budget de l'Etat ; de plus, cette méthode donne un effet de levier aux fonds publics mobilisés pour apporter cette garantie. Lionel Zinsou évalue cet effet de levier comme un facteur 10. Même s'il est inférieur, cet effet de levier est très utile.


Des accords bilatéraux entre la France et quelques pays d'Afrique, dont la portée s'étend au-delà de la production d'énergie


L'approvisionnement en énergie est une condition essentielle de la sécurité du pays, de son fonctionnement, du bien-être de la population, de sa place dans le monde, etc. La politique de l'énergie relève donc de l'autorité nationale. Elle supporte mal - ou pas du tout - d'être sous le contrôle d'autres Etats ou d'institutions multilatérales. Si la France se dit prête à contribuer au financement de la politique énergétique d'un Etat d'Afrique ou d'ailleurs, ce pourrait donc être dans le cadre d'accords de partenariat bilatéraux qui débordent largement la production d'énergie. Ils porteraient également sur les moyens d'utiliser cette énergie pour le transport, la chaleur, la climatisation où le froid, la mécanisation, l'industrie, etc., et aussi sur la formation, l'enseignement, les transferts de technologie, les échanges commerciaux, la gouvernance. Et la mise en oeuvre de ces accords entre Etats qui se font confiance n'aurait pas à se mettre sous le regard d'autres pays ni d'associations qui se donnent comme rôle de "surveiller" tout ce qui a un effet sur les émissions de CO2. Les relations entre l'autorité politique nationale, les autorités locales, les entreprises et ces autorités relèvent de la responsabilit de ces Etats. La France pourra proposer son savoir-faire avec la méthode de la DSP, Délégation de service public, une méthod très flexible qui permet de s'adapter à chaque situation locale, ces DSP décrivant les obligations de chaque partie concernée. Elles pourront en particulier préciser les modalités d'une garantie financière apportée aux financements d'origine privée.
Ces accords pourraient sans doute être assez simples. Par exemple, la réalisation d'un nombre convenu de réseaux photovoltaïques locaux avec une estimation forfataire et conventionnelle des quantités d'émissions de CO2 ainsi évitées.
J'ai montré ici que la France, après avoir décidé de ne plus émettre de CO2 en 2070, pourrait apporter plus de 5 milliards d'euros par an à de telles coopérations pour éviter en Afrique autour de 2050 autant d'émissions que ce qui sera émis depuis le territoire français à cette date.



Les JETP,
Just energy transition partnership : accords limités à l'énergie entre un pays "du Sud" et plusieurs pays "du Nord"

L'accord de Paris et le Pacte de Glasgow (signé à la COP 26 tenue à Glasgow en 2021) ont créé une modalité de coopération entre des pays "du Nord" et des pays en développement appelée Just energy transition partnership, les JETP. 
A la fin de 2023, quatre JETP avaient été conclus : avec l'Afrique du Sud, l'Indonésie, le Vietnam, et le Sénégal.

Le premier a été décidé à la COP26 et signé un an après entre  l'Afrique du Sud d'une part, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis et l'Union européenne d'autre part, qui apporteront chacun dans un premier temps 300 millions d'euros sous forme de prêts de politique publique pour accompagner le pays dans sa trajectoire de décarbonation, premier jalon d'une enveloppe totale de 8,5 milliards de dollars en cinq ans. L'objet de ce contrat porte surtout, dans sa première étape, sur les conséquences sociales de l'abandon progressif de la production de charbon.

En novembre 2022, un JETP a été conclu entre l'Indonésie d'une part et tous les membrs du G7 d'aitre part.  Ce JETP devrait procurer 20 milliards d'euros pour que l'Indonésie soit neutre en carbone dès 2050.

En décembre 2022, a été annoncé un JETP entre le Vietnam d'une part, le Royaume Uni, les Etat-Unis, l'Union européenne et le Japon d'autre part, qui doit procurer au Vietnam 15,5 milliards de dollars dont moitié de financements privés, le Vietnam s'engageant à diminuer ses émissions à partir de  2030 pour les annuler  en 2050.

En juin 2023, lors du Sommet pour un nouveau mode de financement tenu à Paris, un contrat de JETP a été signé  entre le Sénégal d'une part, la France, l'Allemagne, l'Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada d'autre part. Il prévoit, pour une période initiale de 3 à 5 ans à partir de 2023, une somme de 2,5 milliards d'euros de financements nouveaux et additionnels pour accélérer le déploiement d'énergies renouvelables.

Les trois premiers JETP sont passés avec des pays qui consomment beaucoup de charbon. Au contraire, le Sénégal qui, aujourd'hui, consomme très peu d'énergie fossile a prévu de consommer le gaz qu'il vient de découvrir sur son territoire. Ce JETP pourra servir de référence à de futurs contrats avec des pays qui consomment très peu d'énergie fossile aujourd'hui et en auront besoin, produite par eux-mêmes ou importée.

Les déclarations politiques annonçant des JETP  sont suivies d'une série de négociations complexes : la part de subventions et de prêts, la combinasison de financements privés et d'un apport public pouvant prendre la forme de bonifications d'intérêt ou de garanties ; et aussi le mode de gouvernance : comment seront prises les décisions.
Ces négociations risquent d'être d'autant plus complexes que le nombre de partenaires est élevé, les parties prenantes étant non seulement les instances publiques mais des associations qui tiennent à dire leur mot à l'échelle locale ou mondiale sur les politiques climatiques ; elles voudront s'assurer de la transparence, de la façon dont est associée la population, de l'équilibre entre hommes et femmes, etc.

Un blog intéressant, signé de Papa Daouda Diene et Thomas Scurfield commente le JETP du Sénégal ; il fait remarquer fin juin 2023 que l'Afrique du Sud n'avait pas encore reçu le premier dollar.











Le grand jeu des pays producteurs de pétrole et de gaz et des pays consommateurs


Les enjeux stratégiques

Prix du pétrole, une arme pour les Etats-Unis : Un article paru dans le Monde
du 2 février 2017.
Deux "notes brèves" de début 2017
      Comment comprendre le jeu récent de l’Arabie saoudite et de l’OPEP
      L
e jeu des pays exportateurs, des pays importateurs
et des pays autosuffisants ; que feront les Etats-Unis ?

 
"La nouvelle géopolique du carbone" - revue Esprit de juin 2010 - avec un résumé ici 

Voir aussi des extraits du chapitre 9 de Trop de pétrole ! (Seuil, 2007) sur une gouvernance mondiale : utiliser l'OMC ou, à défaut passer des accords entre Etats ou, à défaut, des accords entre entreprises d'un même secteur avec une protection des Etats. Voir aussi, le chapitre 9 de Moins de CO2 pour pas trop cher. (2013)


Prix du pétrole et coût du CO2 dans les pays consommateurs
        Une note brève 
Le coût du CO2, le prix du CO2 – 10 € ou 200 € par tonne ! De quoi s’agit-il ?
         un article paru dans la Revue de l'énergie en avril 2016


Ce que le nucléaire peut apporter au monde dans sa lutte contre les émissions de CO2 :
         un article paru dans International journal of global energy issues en 2017 : voir ici 

Plus ancien
- Quelles seront les négociations efficaces, pour éviter un réchauffement climatique ?
- "Trop de pétrole !", notamment son dernier chapitre "au-delà de Kyoto"
















- Quelles seront les négociations efficaces, pour éviter un réchauffement climatique ?
Ecrit avant 2011

Pour éviter un réchauffement catastrophique, l'humanité doit laisser sous le sol la moitié des énergies fossiles accessibles à un prix que les consommateurs sont prêts à payer. Parler du double défi du réchauffement climatique et de l'épuisement des ressources est une belle sottise. Pour éviter un réchauffement catastrophique, il faut donc une intervention des Etats. Lesquels ? Ceux qui consomment l'énergie fossile ou ceux qui la produisent ? Ceux qui la consomment, bien sûr ! répond le consensus. Or il serait plus simple - donc plus probable ? - que la régulation soit faite par les pays qui produisent l'énergie fossile car une douzaine d'entre eux détiennent les trois quarts des ressources. Cela dessine la nouvelle géopolitique du carbone. Quelle sera la place de l'Union européenne ? Bien fragile. La force de la France est de savoir produire de l'énergie nucléaire. Les seuls alliés de l'Union européenne seront les pays en dévelopement qui ne disposent pas de ressources fossiles.

Sur le futur équilibre mondial, voir "la nouvelle géopolique que carbone" - revue Esprit de juin 2010 ou un résumé



- Les permis de CO2 : la voie ouverte à de gigantesques spéculations
Ecrit avant 2011

Dans "la nouvelle géopolique que carbone" je montre pourquoi la valeur du CO2 peut être 10$/tCO2 ou 150 $/tCO2 selon le contexte. Cette valeur est directement liée au prix de l'énergie fossile, lui-même imprévisible. Si l'achat et la vente de permis d'émettre sont limités aux acteurs industriels, les marchés de CO2 peuvent réduire l'incertitude sur le coût de l'énergie qu'ils consomment. Si les permis d'émettre son "financiarisés", ils seront le support de spéculations effrénées car la régulation sera impossible. Déjà on voit des "autorités de régulation" prévoir de limiter les fluctuations du prix du CO2 ; mais comment fera-t-on la différence entre des fluctuatoins très saines (qui compensent celles du prix du pétrole) et des fluctuations sans fondement réel ? En voulant limiter les secondes, on bridera les premières.


- Utiliser les "permis CO2" comme support de l'aide internationale est la voie ouverte à toutes sortes de dérives

Fonder l'aide au pays en développement sur la valeur du CO2 c'est, encore une fois, monter un dispositif tel que, là où les habitants des pays développés verseront 100 pour les pays en développement, ceux-là n'en recevront que 20, la différence étant pour les opérateurs de marché et les spéculateurs.

Voir ici



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-Au sujet des coopérations dans l'Union européenne : coopérations renforcées, coopérations "spécialisées", "coopérations structurées"

En simplifiant, la construction européenne se fait conjointement selon deux modes : le mode communautaire, qui est fédéral, et la coopération renforcée, ou spécialisée ou structurée, qui est une coopération entre Etats qui sont d'accord. Le mode de coopération renforcée a été introduit dans le traité de Maastricht pour les questions de sécurité, de défense et de politique étrangère et étendu par les traités d'Amsterdam puis de Nice mais jamais mis en oeuvre car les conditions posées sont trop compliquées.

Avant la signature du traité de Lisbonne, Edouard Balladur, dans un article paru dans "Le Monde", plaidait pour des "coopérations spécialisées" qui seraient exactement comme les coopérations qui ont permis les accords de Schengen, ou Airbus. Le traité de Lisbonne a institué le mode de "coopération structurée permanente" pour la fabication d'armement ou pour la coopération militaire notamment. Dans l'un ou l'autre cas, il s'agit de coopération entre quelques Etats, décidées et menées sous l'égide de ces Etats.

Sur les sujets les plus importants qui mettent en jeu l'ordre public, la sécurité publique, la défense, les affaires étrangères et, de façon générale, les "intérêts essentiels des nations", c'est comme cela que progressera la coopération européenne.

Il en est ainsi de certains aspects de la politique de l'énergie et de lutte contre l'effet de serre, particulièrement la politique de l'électricité et la fiscalité, domaine où la Communauté européenne ne peut prendre de décision qu'à l'unanimité. Une façon de progresser est alors de trouver un accord entre quelques Etats. La Commission n'aime pas du tout le principe de coopérations entre quelques Etats, surtout si ces coopérations sont sous la maîtrise des Etats eux-mêmes ; il est d'autant plus intéressant qu'une commissaire ait elle-même suggéré que la fiscalité environnementale soit promue de cette façon.

A quand un "Schengen de l'énergie" ou une "coopération structurée sur l'énergie" ? 


Ces idées me sont apparues avec évidence lorsque j'ai travaillé, au sein du SGDN (Secrétariat général à la défense nationale) sur les relations entre l'économie et la sécurité nationale. J'avais rédigé dans Commentaire en 1993 un article intitulé "Les accords de Schengen, un exemple pour la construction européenne", un article dans le Monde, en décembre 1994 : "Pour une Europe des projets" et un livre : "la France : économie, sécurité - sécurité nationale, économie mondialisée, Union européenne" (Hachette, 1994, prix des ministères) aujourd'hui accessible sur Internet.
Voir aussi dans le dernier chapitre de "Trop de pétrole !" (2007).

Je les ai reprises dans l'article paru en novembre 2007 dans la Jaune et la Rouge : "pour une coopération européenne nouvelle entre Etats libres de s'organiser"




 
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L'aide aux pays en développement par le mécanisme de développement propre, MDP

Un processus inefficace et à hauts risques

Le protocole de Kyoto a ouvert la possibilité de créer un marché de permis d’émettre du CO2 entre les nations qui ont accepté un quota d’émission qu’elles s’engagent à ne pas dépasser. De ce marché sortira un prix du permis d’émettre ou encore un « prix du CO2 ». Les nations qui ont un quota pourront l’augmenter dans une certaine mesure si elles aident un pays en développement à financer une action qui permet d’éviter des émissions de CO2 ; c’est le mécanisme de développement propre, MDP. Selon le MDP, un projet réalisé dans un pays en développement pour émettre moins de CO2 génère des  « unités  de réduction certifiée d’émission », URCE qui sont ou seront acquises par un Etat soumis à un quota d’émission.

Sur les mêmes principes, les Etats peuvent imposer des limites d’émissions à certaines de leurs entreprises, créer entre ces entreprises un marché de permis d’émettre et leur donner la possibilité d’acquérir des URCE en finançant dans les PVD des actions qui évitent des émissions de CO2.

Le MDP ne peut fonctionner que s’il existe des marchés de permis d’émettre, et la valeur de l’URCE est directement liée à la valeur du permis d’émettre qui sort de ses marchés.

Si un marché des permis d’émettre est bien conçu, le prix du CO2, donc la valeur de l’URCE, représente le surcoût des actions qui évitent des émissions, comparé à ce qui aurait été dépensé sans se préoccuper d’effet de serre. On notera que, sauf dans le cas particulier du stockage du CO2, le surcoût diminue lorsque le prix de l’énergie fossile augmente et inversement.

Si les PVD attendent qu’on leur finance ce que la lutte contre l’effet de serre les obligerait à dépenser en plus, le MDP, dans son principe, convient donc pour servir de canal à l’aide apportée par les pays développés aux PVD pour lutter contre les émissions de CO2.

Néanmoins, le MDP présente des limites et souffre de sérieux défauts.

1- Si le prix du pétrole augmente, l'aide aux PVD diminue et peut s'annuler. Si les pays développés créent un impôt sur le CO2, la valeur de l'URCE diminue d'autant

Les limites tiennent à la conception même du MDP ; on peut parler de « limites congénitales ». Comme le MDP finance un surcoût, si le prix de l’énergie fossile payé par les entreprises qui participent à un marché de permis d'émettre est élevé, la valeur du permis sur ce marché diminue ; en conséquence, l’aide apportée par le canal du MDP diminue et pourrait même s’annuler. Dans une logique de marché cela pourrait se comprendre si la hausse du prix de l’énergie fossile était due à une augmentation des coûts de production ; or en réalité, le prix de l’énergie fossile ne répond pas à une logique de marché concurrentiel et son évolution est difficile, voire impossible à prévoir ; il est également impossible de prévoir comment et dans quelle mesure la valeur des URCE suit ou anticipe les évolutions du prix de l’énergie. Cette double incertitude risque de faire perdre au MDP son efficacité.

Par ailleurs, le MDP n’est pas adapté au financement du stockage de gaz carbonique puisque le coût du stockage de CO2 augemente lorsque le prix de l'énergie fossile augmente alors que la valeur du CO2 donc de l'URCE diminue.

2- L'aide versée aux PVD est ajourd'hui très faible, beaucoup plus faible sans doute que ce que paieront les habitants des pays développés : où ira la différence ?

Aujourd’hui, la dimension des marchés de permis d’émettre du CO2 est très insuffisante comparée au nombre et à l’importance des projets qui sont susceptibles de bénéficier du MDP. En conséquence les URCE ne peuvent pas être toutes revendues de suite à des entreprises ou des Etats participant à des marchés de permis ; leur valeur est donc purement spéculative ; aujourd’hui, elle est très faible. Cela signifie que l’aide effectivement apportée aujourd’hui aux pays en développement (cette aide est égale à la valeur actuelle des URCE) est probablement très inférieure à ce que paieront dans quelques années les contribuables ou les consommateurs des pays développés (c’est à dire la valeur des URCE au prix où les rachèteront les Etats ou les entreprises), la différence profitant à ceux qui auront acheté bon marché les URCE pour les revendre plus cher plus tard.

3- De très gros frais administratifs

Autre « défaut de jeunesse », les frais administratifs sont tellement élevés que les petits projets ne sont pas admis.  D’autre part, le MDP ne peut financer que des projets individualisés et non des ensembles de projets réalisés dans le cadre de politiques par secteur ou par type de technique. En conséquence le MDP est loin  de pouvoir financer toutes les actions utiles à la lutte contre les émissions et il bénéficie surtout à ceux qui ont la chance ou les moyens de profiter de ses imperfections.

Tout cela m'est apparu lorsque j'ai travaillé avec le Vietnam en 2009.
 


 
 
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à questions controversées 
 au quizz

"Trop de pétrole"
Une présentation, la table dses matières

v


Après Copenhague - écrit  début janvier 2010      

- voir ausi
dans Esprit, juin 2010, La nouvelle géopolitique du carbone  qui développe ces idées.

                         
La lutte contre les émissions est une affaire de géostratégie qui trouvera probablement sa solution dans des négociations entre les grandes puissances dans un cadre beaucoup plus large que la lutte contre les émissions. Question : quelle sera la place de la France, de l'Union européenne dans ces négociations géostratégiques entre grandes puissances ?

Copenhage, un échec ? Comment peut-on avoir pensé que B. Obama se serait engagé sans avoir l'accord de son Congrès ? L'expérience de Kyoto est suffisante sans doute. Les négociateurs se sont fait piteusement désavouer par un vote unanime du Sénat ! Qui plus est, B. Obama était sur le point de faire adopter son grand projet sur le financement de la santé ; il n 'allait pas brusquer le Congrès ! Donc, comme il l'a reconnu lui-même, son engagement est en deçà de qui sera nécessaire.

Sans engagement significatif des Etats-Unis, comment la Chine pouvait-elle s'engager ? Par ailleurs, on n'est vraiment pas clair sur ce que l'on peut légitimement attendre de pays qui émettent aujourd'hui deux fois moins que l'Allemagne par exemple, comme la Chine, six fois moins comme le Vietnam. Tant que l'on n'aura pas dessiné des trajectoires de développement des pays en développement, on parlera dans le vide. J'y ai travaillé avec le Vietnam  ; le décalage avec nos discours de pays riches est impressionnant.

Copenhague montre aussi que la voie d'une négociation à 200 pays dont l'objet est limité à l'effet de serre n'est sans doute pas la bonne. Il sera plus efficace de faire entrer le climat dans une négociation de portée générale entre quelques pays seulement.

Pour limiter les émissions, depuis la Convention de Rio en 1992 tout le monde dit qu'il faut resserrer le robinets de la demande. Il n'est pourtant pas compliqué de se rendre compte qu'il serait bien plus facile de resserrer les robinets de l'offre. Jusqu'où montera alors le prix de l'énergie fossile ? 170 $ par baril de pétrole peut-être et un prix équivalent pour le gaz et le charbon.
Qui y gagnera et qui y perdra ? La Russie, l'Iran, l' Arabie saoudite seraient les grands gagnants. Pour un pays autonome, c'est indifférent. L'Inde, la Chine importent de l'énergie fossile mais détiennent des quantités considérables de charbon (ensemble 25 % des réserves). Le Brésil, les Etats-Unis sont autonomes. L'Union européenne, le Japon, les pays en développement qui manquent de ressources fossiles seraient les grands perdants en cas de régulation par l'offre.

La question est donc la suivante : de quel côté penchera la position des Etats-Unis ? La régulation par l'offre est beaucoup plus facile que la régulation par la demande ; B. Obama, qui a la volonté sans doute sincère d'apaiser les tensions entre les pays, recherche probablement ce qu'il peut apporter dans la corbeille de négociations avec d'autres grandes puissances. La lutte contre l'effet de serre peut lui apporter un argument de poids qui sera apprécié à sa juste valeur de la Russie et de l'Iran.

Question : quelle sera la position de l'Union Europénne, de la France dans ce rapport de force entre grandes puissances ? Il ne suffira pas de faire de beaux discours ni de prétendre donner l'exemple ! Il est prudent de se protéger des effets d'un tel arrangement. C'est à dire qu'il est prudent d'être aussi autonome que possible c'est à dire diminuer notre consommation d'énergie fossile non pas pour ralentir la hausse des températures mais pour préserver notre sécurité énergétique car notre approvisionnement en énergie risque d'être réduit - non pas à cause de l'épuisement des ressources (quelle erreur de le penser !) mais du fait de décisions politiques qui trouveront leur justification dans la lutte contre l'effet de serre.

C'est une des thèses de "Trop de pétrole !"
Dans "la nouvelle géopolitique du carbone"  (revue Esprit, juin 2010), je développe ces idées et analyse ce que l'on entend par le "coût" ou le "prix" ou la "valeur" du CO2 dont on dit qu'elle est de 10 $/tCO2 ou de 150 $/tCO2 voire davantage et dont on veut faire le support de financements à l'échelle mondiale !



 
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